Les langues aliciennes

Voilà un petit moment que je suis en train de travailler sur un énorme work in progress, un cycle comprenant plusieurs trilogie – ce qui n’est que le corpus principal de

cette sorte de folie des grandeurs.

Toute cette histoire se passe sur plusieurs siècles, de la fin du XXIe jusqu’au XXVIe. Avec des peuples imaginaires, une Histoire avec un grand H détaillée et plusieurs langues tout aussi imaginaires. Je n’en viendrai jamais à bout, d’ailleurs, ce n’est pas le but, je m’amuse dans ce vaste univers.

Voici pour commencer une ébauche de l’évolution des langues dans l’Europe de l’Ouest, et notamment dans ce qui fut la France, après les ravages du réchauffement climatique, de diverses pandémies et de pollutions industrielles diverses.

J’ai commencé à construire l’une de ces langues, le d’ol. Cette langue n’aura peut-être pas le succès du klingon et je ne la terminerai peut-être pas, pas plus que toutes les autres langues que j’imagine dans cet avenir inventé et chaotique. Mais peu importe ! L’important, c’est le voyage, et je peux dire qu’il est des plus passionnant.

Alors voilà, l’académie Française, dans mon monde, n’existe plus et ça se voit, mes excuses cependant aux linguistes pour certains raccourcis, voire erreurs que j’ai pu commettre sur ces joyeux graphiques en markdown.

Les langues d’ol

Le mot « ttawl » est une abréviation du mot anglais « neanderthal » et sa graphie est héritée de la prononciation particulière des premier locuteurs de cette langue. Le l final est palatisé, bien plus qu’en anglais. Le double tt marque en réalité un « t » très emphatique, qui deviendra sonore et glottique pour donner le vocable « d’ol ». Il est à noter que les différents dialectes d’ol utilisent très largement des diphtongues, influence directement héritée de l’anglais. Les locuteurs d’ol ont tendance à plus encore diphtonguer les voyelles que les locuteurs anglais, aussi, le o du vocable « d’ol » se prononce-t-il en réalité /au/ avec un l palatisé. Le d’ol continental ne fait pas exception, en réalité il a toujours été très peu parlé, encore moins que les autres langues de son groupe et ne diffère du d’ol insulaire que par son vocabulaire emprunté en partie à l’allemand et au néonormand.

Le graphique ci-dessous pourrait induire en erreur car l’on pourrait penser que le ttawl dérive de l’anglais et est donc une langue germanique. Or, il n’en est rien, la grammaire de la langue ttawl étant tout à fait originale et ne s’apparente en rien aux langues indo-européennes, ce qui en fait un groupe linguistique bel et bien à part. En revanche, le vocabulaire est imprégné d’anglais, surtout dans les domaines techniques et scientifiques, c’est pourquoi une flèche apparaît de l’anglais vers le ttawl.

flowchart TB
subgraph ttawlish
subgraph groupe ttawlish
    ttawl-->d'ol-->d'ol_montagnard-->d'ol_insulaire;d'ol-->d'ol_continental
end
subgraph groupe germanique
  anglais-->anglésien
    anglésien-->d'ol_insulaire
    anglais-->ttawl
    anglais-->d'ol
    allemand-->d'ol_continental
end
subgraph groupe scandinave
    féroïen-->d'ol
end
subgraph groupe roman
    néonormand-->d'ol_continental
end
end

L’occitanien et le catalunique

L’occitan et le catalan suivent tranquillement leur évolution et restent massivement utilisés jusqu’à leur disparition lente et progressive, supplantés définitivement au XXVIe siècle par les dialectes oropuri de la famille hétéroclite des langues ezaganes.

flowchart TB
subgraph oc
subgraph groupe occitan
    lengadoc-->provençal
    lengadoc-->languedocien
    lengadoc-->gascon
    provençal-->occitan;gascon-->occitan;languedocien-->occitan-->occitanien
end
subgraph groupe catalan
    catalan-->catalunique
    occitanien-->catalunique
end
subgraph groupe ibérique
    castillan-->catalunique
end
subgraph groupe ezagani
natoberi-->occitanien
oropuri-->catalunique
oropuri-->occitanien
end
end

Le languedouille et ses dérivés

Affectueusement surnommé « languedouille » par les Occitaniens en référence à son ancien nom, la langue d’oïl, le français du monde alicien a encore de beaux jours devant lui, même si, comme la plupart des anciennes langues eurasiennes, il finira par disparaître lentement et de sa belle mort sous l’effet de la pression linguistique ezagane à partir de la fin du XXVe siècle. Il ne faut pas être triste ! C’est là le lot de toutes les langues du monde, celles qui connaissent leur heure de gloire finissent, tôt ou tard, comme toutes les autres par dépérir ou se transformer. Le latin, par exemple, n’est-il pas mort de l’avènement des langues romanes, dont fait partie le français ?

Mais qu’on se console ! La langue française – du moins ses dialectes devenus langues à part entière entre la fin du XXIe siècle et le début du XXVIe – n’est pas complètement morte car, comme de nombreuses autres langues, elle a largement apporté sa part à la langue natoberi, du groupe ezagane, qui se parle au nord-ouest de l’Europe en de multiples et riches déclinaisons. Le languedouille parlé dans la région du Morvan dès le début du XXIIesiècle est l’évolution toute naturelle du français, du moins les linguistes et historiens ezagana pensent, après avoir étudié avec passion cette langue maintenant déchue, qu’elle constitue la meilleure héritière de la forme académique du français. Le languedouille, avant de s’enfermer dans le massif du Morvan, avait cependant une aire bien plus étendue, en gros toute la partie au nord de la Loire et qui n’était pas submergée par les eaux suite au grand dérèglement climatique du XXIe siècle. Cependant, la civilisation post-industrielle ayant perdu de sa superbe, les infrastructures se sont réduites à cette époque à peu de chagrin et la plupart des voies de communications s’en trouvèrent coupées, tout autant que le système politique très centralisé qui laissa ces mêmes historiens ezagana à la fois très admiratifs et outrageusement moqueurs. Aussi, le languedouille s’est-il, au fil du temps, morcelé linguistiquement pour donner plusieurs langues différentes, dont, en particulier, le néonormand, le borguignon et le morvandin. Le morvandin ou plus exactement parisien morvandin est un héritier direct du français académique et n’a que peu à voir avec le défunt morvandiau. Il est fortement influencé par l’allemand et le d’ol continental en raison des nombreux échanges avec la horde du Nord-Ouest. Ce sont le borguignon et le néonormand qui sont le plus proche du français académique, car ils n’ont que peu ou pas d’influence de langues extérieures. Cela dit, le néonormand était utilisé dans une aire bien plus répandue, mais avait de nombreux dialectes à son tour, que nous ne répertorions pas ici. Une place particulière est à faire également aux langues poitevines, les fameux dialectes du parlanjhe, qui eurent quelques décennies de rebrillance, pour ainsi dire, le français déclinant, mais furent malheureusement rapidement happées par l’occitanien. Hasard et ironie de l’histoire ! Le parlanjhe ne s’était-il en effet pas fondé de la langue d’oïl sur un substrat occitan ?

Bien entendu, les langues d’oïl dérivées du Français sont aussi légion que les langues d’oïl d’antan, celles d’avant l’unification linguistique forcée de ce qui fut autrefois la France. Mais pour des questions de simplifications, nous laissons à nos linguistes imaginaires le soin de les classer. Nous allons ici nous intéresser seulement à celles dont vous entendrez parler dans les cycles aliciens.

flowchart TB
subgraph oïl
subgraph groupe langues d'oïl
français-->languedouille
languedouille-->parisien-morvandin
parisien-morvandin-->parisien-central
languedouille-->néonormand
languedouille-->borguignon
end
subgraph langues d'oc
occitanien-->parisien-central
end
subgraph groupe germanique
allemand-->parisien-morvandin
allemand-->parisien-central
end
subgraph groupe ttawl
d'ol_continental-->parisien-central
d'ol_continental-->parisien-morvandin
end
end

L’anglésien

L’anglais de la seconde moitié du XXIe siècle constitue le principal apport linguitique de l’anglésien. L’anglésien parlé dans les campagnes est cependant légèrement différent de l’anglésien citadin, car il incorpore de nombreux ttawlismes en raison des populations d’origine d’ol qui errent dans les îles Britanniques suite à la destruction du royaume d’ol au début du XXIIe siècle. Si l’anglais a connu son heure de gloire, l’anglésien est bel est bien devenu une langue plus ou moins isolée suite aux différentes catastrophes de la fin du XXIe siècle, mais il n’est pas pour autant en voie de disparition. Il en existe de nombreux dialectes, qui ne sont pas toujours intercompréhensibles. Ces dialectes, en effet, sont aussi influencés par les anciennes langues régionales du Royaume-Uni.

flowchart TB
subgraph insulaire
subgraph groupe germanique
    anglais-->anglésien
end
subgraph groupe ttawlish
    ttawl-->d'ol
    d'ol-->d'ol_montagnard-->anglésien
    d'ol_montagnard-->d'ol_insulaire-->anglésien
end
end

Les langues ezaganes

Les langues ezaganes sont à l’origine des linguae francae. Sur un substrat japonais et/ou coréen selon la langue et qui marque surtout leur grammaire, elles intègrent une énorme quantité de langues différentes de l’Eurasie dans son ensemble, partout où ces nomades ont posé leurs yourtes. Les énumérer représenterait un travail énorme car, malgré leur statut, elles sont très nombreuses et parfois extrêmement différentes les unes des autres. Elles sont même rarement intercompréhensibles. Aussi, nous nous intéresserons particulièrement à deux de ces langues, l’oropuri et le natoberi, utilisées par la partie des tribus confédérées ezaganes qui s’emparèrent de l’Europe occidentale au XXVIe siècle.

flowchart TB
subgraph occidental
subgraph groupe ezagani
    subgraph groupe natoberi
    natoberi
    end
    subgraph groupe oropuri
    natoberi-->oropuri
    oropuri
    end
end
subgraph groupe néandertalien extrême-oriental
nati-->natiyan
ori-->orihan
orihan-->oropuri
natiyan-->natoberi
end
subgraph groupe coréen
coréen-->orihan
end
subgraph groupe sino-tibétain
mandarin-->orihan
end
subgraph groupe japonais
japonais-->natiyan
end
subgraph groupe turco-mongol
langues_turco_mongoles-->natiyan
end
subgraph groupe caucasien
    langues_caucasiennes-->oropuri
end
subgraph groupe indo-européen
    subgraph groupe roman
    toscan-->oropuri
    catalunique-->oropuri
    occitanien-->oropuri
    occitanien-->natoberi
    néonormand-->natoberi
    borguignon-->natoberi
    parisien-central-->natoberi
    end
    subgraph groupe slave
    russe-->natoberi
    end
    subgraph groupe germanique
    allemand-->natoberi
    end
    subgraph groupe rromani
    rrom-->natoberi
    rrom-->oropuri
    end
end
end

1. Les langues d’ol